La COVID-19, c’est bien un mot que nous ne sommes pas prêt·es d’oublier. L’année 2020 a marqué un tournant dans notre histoire, et qu’en est-il du point de vue de nos communautés? Comment les personnes rejointes par les organismes communautaires de lutte contre le VIH et de soutien pour les personnes vivant avec le VIH ont-elles vécu cette crise? L’heure est au bilan, plus d’un an après l’annonce de l’OMS sur cette nouvelle pandémie, et pour cela, nous avons besoin d’un nouveau projet de recherche.
Pour une problématique mondiale, rien de mieux qu’un projet international, et c’est là que Coalition PLUS intervient. Ce réseau international de lutte contre le sida, fondé en 2008, agit dans 52 pays, et auprès d’une centaine d’organisations de la société civile.
Les organismes membres de Coalition PLUS ont vécu de grosses difficultés durant la pandémie et les populations desservies ont subi et subissent encore la crise de plein fouet. Plusieurs organismes se sont alors mis en contact avec le laboratoire de recherche communautaire de Coalition PLUS et une envie commune : documenter les effets de la pandémie sur les populations clés. Nous appelons populations clés, certains groupes de populations que nous jugeons prioritaires dans nos actions, comme les personnes vivant avec le VIH ou le VHC, les personnes LGBTQ+, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes utilisatrices de drogues et les personnes immigrantes.
Ainsi, le laboratoire de recherche communautaire de Coalition PLUS avec des militant·es et chercheur·es universitaires et communautaires ont mis sur pied le projet EPIC, une Enquête Pour documenter l’Impact de cette crise dans le milieu Communautaire de la lutte contre le VIH et le VHC.
EPIC a pour objectif d’étudier l’impact de la crise sanitaire causé par la COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH, ainsi que sur les personnes utilisatrices de drogue et les travailleuses du sexe. Il est prévu de recueillir des données auprès de 200 personnes vivant avec le VIH via un questionnaire quantitatif en ligne (disponible jusqu’à l’automne 2021) et de rencontrer des utilisateur·trices de drogue et des travailleuses du sexe. Ce questionnaire va permettre de faire le point au sujet de l’impact de la crise sur la situation économique des personnes et sur leur accès aux soins de santé et aux traitements VIH notamment.
Un partenariat pour EPIC
Au Québec, l'organisme où je travaille, la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA) est cofondateur et membre de Coalition PLUS ainsi que membre de sa plateforme Amériques-Caraïbe.
Nous avons ainsi mis en œuvre ce projet avec le chercheur Gabriel Girard (de Université de Montréal et du SESSTIM en France), l’équipe de la Direction Recherche Communautaire de Coalition PLUS, la Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le VIH/sida (TOMS) et Montréal sans sida. Le volet québécois d’EPIC bénéficie d’un soutien financier de REACH Nexus et de la Direction régionale de santé publique de Montréal.
Des entretiens qualitatifs par et pour les travailleuses du sexe et les utilisateur·trices de drogue
Des pair·es associé·es de recherche ont rejoint l’équipe. Leur expérience a commencé par une formation de 10 heures pour apprendre et pratiquer l’art d’animer un entretien qualitatif. Ce type d’entretien a souvent la forme d’une discussion où la personne rencontrée peut exprimer en profondeur son expérience sur un sujet donné. Les pair·es vont alors rencontrer dix personnes utilisatrices de drogue et dix travailleuses du sexe. Nous savons que les membres de ces communautés ont particulièrement été touchés par la crise sanitaire au Québec. Le couvre-feu, par exemple, a eu un énorme impact sur l’accès aux sites de consommations supervisés et sur le travail des travailleuses du sexe.
L’ensemble de ces actions sont coordonnées par Gisèle Mandiangu Ntanda et Charlotte Guerlotté à la COCQ-SIDA et elles sont réalisées en collaboration avec les organismes communautaires membres de la COCQ-SIDA et de la TOMS. Gisèle partage : « c’est avec plaisir que je coordonne le projet EPIC entourée d’une équipe multidisciplinaire ». Elle a intégré l’équipe de la COCQ-SIDA en mars cette année et elle est également candidate au doctorat en santé communautaire à l’Université Laval. Elle précise :
Ce projet de recherche constitue, pour moi, une occasion de côtoyer des acteurs et actrices, œuvrant majoritairement dans les milieux communautaires, soucieux et soucieuses de répondre adéquatement aux besoins des personnes vivant avec le VIH ainsi que ceux des populations plus vulnérables au VIH et/ou VHC, comme les travailleuses du sexe et les personnes utilisatrices de drogue. Bien que mon mandat soit court, je suis contente d’apporter ma contribution à ce projet.
Prochaines étapes
La collecte de données est en cours et se poursuivra jusqu’à l’automne 2021. Restez informé·es pour connaître les résultats en vous abonnant à l’infolettre de la COCQ-SIDA ou de la TOMS et en consultant nos médias sociaux.